mercredi 7 décembre 2011

Parce que

Où es-tu


Dans quel repli de toi-même


Sur quel astre








Au fond de quel oubli








Dans quelle maison confortable










D'où je suis






Je ne te vois pas




Il me semble te percevoir
Parce qu'il y a dans l'air






encore




Les battements qui nous unirent












Parce que la pluie


Parce que le vent


Parce que le soleil


Parce que la marche








Parce que

(sonen) - Le Fils -21 octobre 2011 -4- "lui et sa guitare"

(Sonen) - Le Fils -21 octobre 2011 -3 - "lumières"

lundi 5 décembre 2011

En sortir

J'ai fini d'écouter toute la série d' émissions consacrées aux 80's sur le site de "là-bas". Et je me dis, comme le constate Halimi, que,  même si l'on peut - mais depuis quelques mois seulement - envisager de contester le dogme libéral ( ou même social-libéral) sans être méprisé, le verrouillage de tous les appareils, en particulier médiatiques et intellectuels est tellement massif, que le travail de détricotage de la nasse idéologique va être lent et difficile. Ou alors, il y aura une fulgurance. Comme une vérité qui éclate. C'est un peu ça l'occasion donnée par cette deuxième vague de crise ( après 2008) : le point d'absurdité et de générale bêtise semble atteint avec les politiques d'austérité (que tous les gouvernements d'europe mettent en place en ce moment). Cela ne peut aboutir qu'à des révolutions, à l'exemple du monde arabe (même si eux ont mis beaucoup plus, une quarantaine d'années). L'altenance par les urnes ne suffira pas, car elle ne met au pouvoir que des gens formatés par la pensée dominante, des gens qui ont des projets proches, aux variables de style près. Nos deux candidats sont d'accord sur les questions fondamentales (nucléaire, retraites, rigueur etc.) et sur les cadres juridiques ( traité de Lisbonne, 5ème république). Nous allons dans le mur.

mercredi 30 novembre 2011

Nous marchons à la rencontre de l'amour et du désir

" Au bout de quelques pas, les absinthes nous prennent à la gorge. Leur laine grise couvre les ruines à perte de vue. Leur essence fermente sous la chaleur, et de la terre au soleil monte sur toute l'étendue du monde un alcool généreux qui fait vaciller le ciel. Nous marchons à la rencontre de l'amour et du désir. Nous ne cherchons pas de leçons, ni l'amère philosophie qu'on demande à la grandeur. Hors du soleil, des baisers et des parfums, tout nous paraît futile. "

Albert Camus - Noces à Tipasa

vendredi 25 novembre 2011

Années 80 : montée des périls

J'ai écouté deux excellents reportages sur les années 80, datant de 2007, réalisés par Daniel Mermet, avec Serge Halimi, Frédéric Lordon et l'auteur d'un livre intitulé je crois " les années 80 : une décennie de cauchemar", François Cusset . Un concentré saisissant d'une époque vécue entre 18 et 28 ans. Ce virage culturel, ce changement d'époque je l'ai ressenti très vite, très fort. Je ne me suis pas bien senti dans ces années là, les Séguéla, les Savary, les paillettes de Goude et tout ça, je ne m'y reconnaissais pas du tout. La vente de TF1 à Bouygues. ... Gildas Bourdet dans sa baignoire, cigare à la bouche "je suis socialiste mais je me soigne" en couverture du Fig-Mag. Minc, Attali, Tapie, Lang, Véronique et Davina, Reagan, Thatcher, un train fantôme terrifiant, dont nous n'avons pas encore vu la fin ! Ils sont tous encore là en vrai, agissants, ou en ombres vénérées. Les années 80, c'est maintenant, l'arrogance en moins. Naissance d'un héros : l'entrepreneur. Disparition de l'affrontement idéologique droite-gauche, consubstantiel de l'essor de la social-démocratie. Triomphe de la "Culture" (dont Franck Lepage dit très bien qu'elle a servi surtout à tuer la gauche). Sainte Trinité Profits-Compétitivité-Chômage. La libéralisation des marchés financier commence et  viendra juste après ( grâce en grande partie à la fin de règne de Mitterand). Il est très clair que nous n'en sommes pas sortis et que nous vivons aujourd'hui le paroxysme ( et peut-être la prochaine décadence, j'espère) de la courbe idéologique qui a pris son essor à ce moment là, exponentielle après la chute du mur, véritable " catastrophe " me disait un ami philosophe, Xavier Papaïs. Le capitalisme s'effondre sous nos yeux, ravage la planète, et toujours personne sur le boulevard ouvert par la crise de 2008, la "gauche de gouvernement" s'obstine à piailler en courant derrière la limousine à chenilles du grand capital avec ses pistolets à bouchon.

samedi 25 juin 2011

De Dakar à Ziguinchor


24 Juin

Dakar -
La ville m'est présentée avec délicatesse par Younouss
L'ami qui m'a invité ici

C'est le décor de son enfance


Pas fini / pas commencé ?
Un bout à bout d'intentions

Ici un magnifique bâtiment
Gros cube insulaire
Le théâtre national
Tout neuf
Mais déjà d'un autre âge – années 30/40
Relents de totalitarisme néo-romain ou soviétique c'est selon
Comme on en trouve à Paris - Palais de Chaillot
Ou dans nos provinces
Toujours imposant intimidant

Là un jet d'eau
Désespérément à sec
Vaste bassin à petits carreaux bleus
On imagine juste la magnificence
De cette place en panne
Dite de l'Indépendance

En s'éloignant du palais gouvernemental
Le bitume disparaît / réapparaît
Il a du mal
En Afrique
La terre l'emporte toujours

Des traces de violence
Hier
Des émeutiers ont allumé des feux aux carrefours
Cassé ce qu'ils pouvaient
Enseignes et vitrines
Ce qui n'est pas arrivé depuis des lustres
Le 23 juin fera date
Il a fallu que ça tombe sur moi
La police a durement réagi
Des blessés graves
La raison ?
Politique !
Une loi monarchique contestée (dans le sens d'une république héréditaire)
Le président a immédiatement retiré son texte
Certains disent que maintenant il est « cuit » Gorgui ( le vieux, Abdullah Wade)
" Y'en a mort ! " titrent les journaux
Un mouvement se prépare pour réclamer qu'il ne se représente pas aux élections prochaines
On devrait faire la même chose en France
exigez ça pour machin
Leçon de démocratie ?

La vie a vite repris son cours normal
Le commerce à la sauvette est partout
La pression est forte
Il faut apprendre à congédier
Un « byfalle » insiste
Membre d'une secte – look un peu ragga et marabout crado
Avec le portrait de leur gourou en sautoir
Il prie pour nous dit-il
Donc je dois contribuer
Et puis il cherche des fonds pour leur grand rassemblement à Louga
Dans le même temps un jeune très sympathique veut me fourguer des chaussures
Je parle aux deux à la fois
Déjà un troisième me propose des parfums de grandes marques

Un peu plus loin
Un fameux salon de thé
Chez Laetitia

Lieu quasi-mythique pour l'enfant Younouss
Symbole de luxe et de gourmandise
Encore plein de charme
Nous y prenons notre petit-déjeuner
Service simple et chaleureux

Beaucoup de gentillesse
Partout
Les comportements sont moins mécaniques que dans d'autres grandes capitales du monde
Bangkok, Hong-Kong, Londres, Paris
On se parle
On prend le temps

Les quartiers durs ne sont pas si loin
Et il est déconseillé d'y traîner


Plus tard nous retrouvons un ami de Younouss
A "La Galette"
Pâtisserie-salon de thé très chic
Toute de marbre
Sommes-nous encore à Dakar ?


A la sortie le contraste vous saisit
Des gens à terre
Des vendeurs de rien
Des épaves
Sur quatre roues
Ou deux jambes

Après un passage devant l'Ambassade de France
(peu abordable, des policiers nous prient de faire un détour, Younouss fulmine)

nous voilà en bord de mer
 des éperviers tournent dans le ciel

le « lagon »- bar et restaurant- nous accueille
idéalement situé au-dessus des flots
les rampes d'escalier qui y descendent sont garnies de plaques au nom des célébrités accueillies
ça me fait penser aux ex-voto dans les églises
un côté cimetière aussi 

la journée se termine chez un ami de Younouss
journaliste
des coupures d'électricité l'empêchent de nous recevoir comme il le voudrait
les « gazelles » (bière locale) sont tout de même fraîches
et nous parlons dans l'obscurité
à peine atténuée par la lumière bleutée d'une rampe à led

j'apprends des mots comme « bounty »
homme noir dehors mais blanc à l'intérieur
ou « okapi »
femme dont la peau gavée de produits éclaircissants
est affreusement zébrée

nous parlons aussi des ravages de la techno-bureaucratie
des langues de bois
de l'immobilisme
des ONG


Nous dînons ensuite dans le quartier
un nouvel endroit
galerie et restaurant avec une grande terrasse
poisson grillé
 « ndolé »
et Castell - autre bière locale


Continuer ailleurs ?
Younouss me parle 
d'une soirée quelque part
Mais je dors déjà





jeudi 23 juin 2011

journal de juin (suite)

(20 juin)
je me baigne en toi
Sans espoir de rivage

(21 juin)
J'ai appris la ferveur comme une langue

En récitant sans comprendre
Les sourates de l'aube et du soir
De chacun de tes jours

(22 juin)
M'attends-tu comme je t'attends ?

(23 juin)
Passer une année entière sans toi
N'est pas le côté le plus tranchant de l'oubli
La blessure est plus vive sur le fil de mon absence à toi

(24 juin)

J'ai beau m'allonger
Dormir

Me roulant me vautrant

Tu es fête
Et je suis toujours vertical

(25 juin)

L'oiseau-muezzin me réveille

Le jour ne pointe pas encore mais
Ma joie se prosternera vers ta splendeur





lundi 20 juin 2011

Journal de juin (suite)

(16 juin)

ne crois pas que je te vénère
mais ta présence 
elle
me vénère

(17 juin)

la tiédeur et le balancement de ton souffle
me font scintiller comme une brindille

état suprême

(18 juin)

tu contiens l'été
tu contiens mon attente
tu contiens ce qui était promis

(19 juin)

le temps ne s'écoule plus
il tournoie et caresse notre impatience
à le boire


(20 juin)
je me baigne en toi
Sans espoir de rivage

mercredi 15 juin 2011

Journal de juin (suite)

(7 juin)

toutes ces journées encore

lumineuses

à perte de vue sous ton ombre


en ton pouvoir


-

( 8 juin)


avoir si longtemps attendu
puis étreint
puis


(9 juin)

tu contiens aussi de sombres jours
l'anthracite poudroie à perte de toi

sans mesure

(10 juin)

j'aime le solstice en toi

(11 juin)

tu me donnes l'été
neigeant sur l'antipode

à la courbure du méridien
de notre rencontre

(12 juin)

Ta beauté m'appartient
Mais c'est toi qui la gouvernes

(13 pluie)

flotte comme une dernière lumière
la terre se dresse
animal odorant

tu vas parler
tu veux en finir


(14 juin)

quelle vie crois-tu nous attendait
quand chaque seconde est gorgée du luxe de la suivante ?


(15 juin)

ne me donnes pas
ce que tu possèdes

mais ce que le monde recèle
sous ta coupe

lundi 13 juin 2011

Journal de juin

(5 juin)
quand se couche sur toi l'herbe du jour
il n'est plus temps d'essayer 
ni de comprendre

donne  l'ombre
(c'est tout ce que tu as)


en toi rien d'inaccompli

(6 juin)

au premier souffle d'air 
à la première note 

quand passe le conciliabule des feuilles 
sur les façades oranges des églises

quand les troènes chuchotent leur parfum

que tu tends le monde à  mes lèvres et à mon coeur

je sais que tu es là
et me demande

qu'est-ce qu'aimer comme je t'aime

dimanche 5 juin 2011

journal de juin - jour 4

4 Juin


ενθουσιασμός

par la fenêtre ouverte
les dieux dansent
jusqu'à mon visage 
aspergé des chants 
qui hachurent la nuit 

à mon réveil je les trouve au creux
te soulevant en mes veines
comme si tu ne m'avais jamais quitté
comme si l'été revenait pour toujours 

vendredi 3 juin 2011

Journal de juin (suite)

(3 JUIN)

Comme si le monde respirait de bas en haut
Comme si le lointain nous habillait
Comme si la beauté n'était qu'impudeur
Et l'ivresse notre sang

Je te regarde 

T'essayer au soleil

Milieu du temps et de moi-même

Juin

juin, un journal

1er Juin 

Juin et joie sont de même sève
L'arbre aux feuilles rouges tendues vers moi
Me le rappelle sur les routes d'Essonne
Juin des bords de ville 
Parfumés du tout premier baiser


2 Juin

Ne laisse pas la faiblesse vaincre la ferveur
Recul et volte-face ne sont que ruse et tremblement
Face au souffle du regard
Qui traversait et traversera les plaines
De l'été commençant

lundi 16 mai 2011

Ecrire

Parfois, en croisant le visage des gens, leur allure, leur démarche, leur expression, tout ce qu'ils transportent avec eux, j'essaie d'imaginer où ils vont, ce qu'ils vont faire, à quoi ressemble leurs journées. Inventer les détails de leur vie. J'écris de fulgurants romans, juste dans l'éclair d'un regard, le passage d'une silhouette.

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Lorsque j'écris en appliquant des idées, qu'elles soient de fiction - scénario, personnages, situation préconçue, ou de réalités sociales, économiques, etc., l'ennui me gagne. Ecrire me semble alors une sorte de coloriage sans intérêt suivant un tracé préétabli, une "mise en forme". Et ce que je lis me semble cousu du fil blanc de mes intentions. Voilà pourquoi certains livres remarquables et remarqués me lassent. L'écriture tombe, comme désincarnée. Ce qui fait par exemple que je suis perpétuellement partagé entre faire un plan ou ne pas en faire. Il en faut absolument, et il n'en faut pas. Le beau oublie toujours son origine. Au fond, l'écriture doit toujours être un souffle. Et je repense aux livres que Duras lisait avec bonheur : la Bible, Michelet. Ou à cet auteur danois que Rilke appréciait : Jean-Pierre Jakobsen.

samedi 14 mai 2011

MOI, JE PARTIRAI QUAND MÊME

Extrait de Bilal sur la route des clandestins de Fabrizio Gatti (paru en 2007). 
Les données du problème tunisien étaient posées depuis longtemps. Rien n'a été fait, ou plutôt si, les états européens ont aidé la dictature à se maintenir, puis ils ont applaudi la révolution et recommencent maintenant comme avant, à traiter les clandestins comme des délinquants. Le périple subsaharien de "Bilal" ( pseudo de clandestin du journaliste) se termine sur les plages tunisiennes, à deux doigts de l'Eldorado ( Lampedusa). Il y rencontre Mohammed.



"Moi je partirai quand même, même sans visa. Je jure sur Dieu que je pars, dès que je peux, dès que j'ai réuni l'argent. Je m'embarque pour Lampedusa. Je trouverai un travail en Sicile comme pêcheur. Ou bien à Milan comme maçon. Ou alors j'irai récolter des tomates. En Italie, tu respires avec la tête, dit-il. Moi j'ai travaillé en Syrie, Lybie, en Jordanie. Mais l'Europe c'est pas pareil. Chez vous on est libre (...) Ici c'est interdit de se plaindre, c'est interdit d'être pauvre, c'est interdit de chercher une amélioration. C'est interdit d'émigrer. Il faut qu'on déclare tous qu'on est heureux.
 "Si on était plus libres en Tunisie, dit Mohammed. Moi je viendrais pas en Italie. Et ça ferait un clandestin de moins. Mais vous , d'un côté vous nous faites tabasser par notre président et de l'autre vous nous empêcher d'entrer légalement. Et pourtant, chez vous il y a du travail. J'ai un ami à Brescia qui m'a dit que si je le rejoins maintenant, il y a un boulot de maçon qui m'attend. Mais en Italie, on peut seulement entrer comme clandestin. Moi j'y retournerai en barque, comme l'autre fois. J'ai mis de côté 200 euros. Il m'en manque 500(...) En Tunisie, on t'arrête si tu dis ce genre de choses normales, humaines."
Et un peu plus loin : " Avant j'étais un laïc, et puis je me suis rapproché de la  religion. J'ai choisi l'Islam comme philosophie. Pour survivre. Pour chercher une issue de secours. C'est le seul moyen pour pas perdre la tête. Sans un travail sûr, j'ai même pas réussi à me marier. Moi, à trente-huit ans, j'ai jamais eu de fiancée, tu sais ? Ici tu peux pas toucher une fille si tu te maries pas avec elle. Et comment je fais pour me marier, si j'ai pas de travail fixe ? A Milan, c'était pas pareil. J'ai eu quelques copines. Et puis à la fin tu te rends compte que c'était une toxico ou une pute. Et alors à Milan tu te persuades que t'es pas normal, que t'es seulement une bête de somme. C'est pour ça que je me suis rapproché de la religion."

Et à propos des islamistes : " l'opposition tunisienne n'est pas faite d'extrémistes. Les extrémistes tunisiens c'est vous qui les avez élevés. Ces gens, ils étaient laïques quand ils sont partis. Ils sont devenus extrémistes dans les mosquées de Milan, de Vienne, de Londres. Compliments. Alors pourquoi vous demandez pas plus de libertés pour nous ? "




vendredi 15 avril 2011

devant un mur





Que faut-il ?
Ne faire que
Continuer

Les murs aident 
A marcher l'aveugle et le vieillard

Les murs sont toujours
Plus haut que soi 
Et attendent
Que le front les embrasse
Que l'eau perle sous la paupière

Tombés
On ne voit plus
Ce qu'ils ont séparé

PREMIER JOUR

Voilà, ça commence. On va voir. Après un assez long séjour à Anvers.