mercredi 30 novembre 2011

Nous marchons à la rencontre de l'amour et du désir

" Au bout de quelques pas, les absinthes nous prennent à la gorge. Leur laine grise couvre les ruines à perte de vue. Leur essence fermente sous la chaleur, et de la terre au soleil monte sur toute l'étendue du monde un alcool généreux qui fait vaciller le ciel. Nous marchons à la rencontre de l'amour et du désir. Nous ne cherchons pas de leçons, ni l'amère philosophie qu'on demande à la grandeur. Hors du soleil, des baisers et des parfums, tout nous paraît futile. "

Albert Camus - Noces à Tipasa

vendredi 25 novembre 2011

Années 80 : montée des périls

J'ai écouté deux excellents reportages sur les années 80, datant de 2007, réalisés par Daniel Mermet, avec Serge Halimi, Frédéric Lordon et l'auteur d'un livre intitulé je crois " les années 80 : une décennie de cauchemar", François Cusset . Un concentré saisissant d'une époque vécue entre 18 et 28 ans. Ce virage culturel, ce changement d'époque je l'ai ressenti très vite, très fort. Je ne me suis pas bien senti dans ces années là, les Séguéla, les Savary, les paillettes de Goude et tout ça, je ne m'y reconnaissais pas du tout. La vente de TF1 à Bouygues. ... Gildas Bourdet dans sa baignoire, cigare à la bouche "je suis socialiste mais je me soigne" en couverture du Fig-Mag. Minc, Attali, Tapie, Lang, Véronique et Davina, Reagan, Thatcher, un train fantôme terrifiant, dont nous n'avons pas encore vu la fin ! Ils sont tous encore là en vrai, agissants, ou en ombres vénérées. Les années 80, c'est maintenant, l'arrogance en moins. Naissance d'un héros : l'entrepreneur. Disparition de l'affrontement idéologique droite-gauche, consubstantiel de l'essor de la social-démocratie. Triomphe de la "Culture" (dont Franck Lepage dit très bien qu'elle a servi surtout à tuer la gauche). Sainte Trinité Profits-Compétitivité-Chômage. La libéralisation des marchés financier commence et  viendra juste après ( grâce en grande partie à la fin de règne de Mitterand). Il est très clair que nous n'en sommes pas sortis et que nous vivons aujourd'hui le paroxysme ( et peut-être la prochaine décadence, j'espère) de la courbe idéologique qui a pris son essor à ce moment là, exponentielle après la chute du mur, véritable " catastrophe " me disait un ami philosophe, Xavier Papaïs. Le capitalisme s'effondre sous nos yeux, ravage la planète, et toujours personne sur le boulevard ouvert par la crise de 2008, la "gauche de gouvernement" s'obstine à piailler en courant derrière la limousine à chenilles du grand capital avec ses pistolets à bouchon.